
Le coup de hache de l’administration Trump dans l’aide étrangère a entraîné l’arrêt de milliers de programmes de lutte contre la faim et la malnutrition dans le monde. Elle a aussi mis fin au suivi statistique qui permettait de repérer les cas de famine.
La suppression de 83% des programmes de l'USAID

L’administration Trump a annoncé le 10 mars l’arrêt de 83% des programmes de l’agence de développement USAID. Cette agence indépendante, créée par une loi du Congrès américain en 1961, représentait 42% de l’aide humanitaire déboursée dans le monde.
Priver un million d’enfants d’accès à des traitements vitaux

Selon une évaluation publiée le mercredi 26 mars dans la revue Nature, cette mesure risque de priver un million d’enfants d’accès à des traitements vitaux contre la malnutrition, et de provoquer 163 000 morts par an.
Une diminution de l'aide au développement européenne

En ajoutant à la suppression de l’USAID la baisse récente de l’aide publique au développement dans plusieurs pays européens (une réduction de 40 % au Royaume-Uni, de 34 % en France, etc.), la revue Nature estime que 2,3 millions d’enfants ne bénéficieront plus de traitements contre la malnutrition, entraînant 369 000 décès supplémentaires chaque année.
L’impact sur l'organisation Hellen Keller International (HKI)

En raison de la suppression de l’aide américaine, l’organisation Hellen Keller International (HKI) rapporte qu’à travers les pays dans lesquels elle opère (Bangladesh, Nigeria, Népal, etc), près de 21 millions de personnes, dont bon nombre d’enfants, sont à risque de développer de la malnutrition sévère.
Le financement des aliments thérapeutiques prêts à l'emploi

Dans certains cas, le financement des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE, les pâtes à base d’arachide, de protéines de lait et de micronutriments, qui servent à traiter les cas de malnutrition sévère aiguë) a même été coupé.
Une onde de choc pour les acteurs de la lutte contre la faim

«Cela a été incroyablement difficile de comprendre les décisions ces dernières semaines. Dans chaque pays où nous sommes présents, nous avons reçu des ordres d’arrêter les opérations, puis des reprises, des lettres de résiliation», explique Shawn Baker, chef des opérations de HKI et ancien chef nutritionniste de l’USAID, à Le Monde.
Des fausses accusations sur ce que finançait l'USAID

«Il y a aussi eu de fausses accusations sur ce que finançait l’USAID. C’est tragique, nous avons l’impression de trahir nos partenaires de longue date», ajoute-t-il.
Des «décisions criminelles».

Michael Siegel, porte-parole d’Action contre la faim (ACF), qualifie les coupes américaines de «décisions criminelles». Quelque 30% du budget de son organisme provenait de l’USAID.
L'impact sur Action contre la faim

«On a reçu les lettres de résiliation pour une cinquantaine de programmes nutritionnels. Cela concerne 1,5 million de personnes, dont 800 000 sont en danger de mort. En République démocratique du Congo [RDC], par exemple, on ne débranche pas les perfusions des enfants déjà traités, mais on doit renvoyer chez eux ceux qui frappent à la porte, en sachant qu’ils sont condamnés», déclare M. Siegel à Le Monde.
Les grandes agences onusiennes et le Programme alimentaire mondial

Les grandes agences onusiennes, comme l’Unicef ou le Programme alimentaire mondial (PAM), dont presque la moitié du financement provient des États-Unis, sont également touchées. Ces dernières semaines, le PAM a entre autres dû mettre fin à des aides touchant un million de personnes en Birmanie, fermer son bureau en Afrique du Sud et suspendre un programme de repas scolaires au Mali.
N'aider «les enfants que lorsqu'ils sont déjà malades»

«Le PAM est contraint de faire des choix difficiles, en donnant la priorité au traitement plutôt qu’à la prévention, ce qui signifie que nous ne pouvons aider les enfants que lorsqu’ils sont déjà malades», déplore sa directrice exécutive, Cindy McCain, via un communiqué.
La communauté scientifique entravée dans ses recherches

La décision américaine de démanteler l’USAID entrave également la capacité de la communauté scientifique d’estimer les impacts et de réagir. En février, de hauts responsables de l’USAID ont été immédiatement licenciés pour avoir informé en interne des répercussions du démantèlement.